28/08/2008
Toute existence est une lettre postée
Paul Morand écrivait « toute existence est une lettre anonymement postée »
Cet été, la mienne a porté les cachets de Bruxelles, Genève, Paris, Londres et la campagne.
Rêverais-je un jour, de me poser, de vivre le temps de l’ennui dans un lieu étranger?
L’ennui n’existe plus dans notre société, chassé par les heures utiles, il est pourtant source de découvertes, de réflexion et de compréhension.
Mais l’ennui suppose le temps et je ne suis pas maître du mien, je suis son esclave et ne peux que par éclairs m’en libérer.
Alors je cours, je vis intensément, trop peut-être, pas encore assez à mon goût.
Pour être honnête, ce temps que je n’ai pas n'est qu'un prétexte.
J’aime les voyages éclairs, j’aime zapper de ville en ville, les découvrir dans la course le nez au vent et l’œil affûté par le manque de temps.
Cela fait hurler mais j’ai l’impression qu’ainsi ce n’est pas mon œil cartésien, critique, qui analyse, voit et tente de comprendre la ville mais mon cerveau animal, celui de l’instinct, celui qui perçoit un son ,un bruit, une odeur, un mot fugitif et qui ressent au plus profond de son être l’ambiance et l’âme du lieu.
Alors je saute d’avion en taxi, de taxi en tgv et de train en vélib.
J’hume, je guette, je goûte, et recompose au calme de mon Loiret, tel l’Ulysse du poème, mon voyage.
J’aimerais être Phileas Fogg.
Je zappe les lieux et ma zappette, ce n’est plus l’indicateur des chemins de fer mais ebrooker, tripadvisor, airfrance.
Suis-je comme cela dans la vie ?
Je le crains. La vivre rapidement, la brûler intensément (j’étais sabreur dans ma jeunesse). La vélocité, l’adresse et l’adrénaline en jets puissants mais fugaces, je crois que j’en suis encore drogué.
Je lisais hier une annonce dans libé, rubrique transports amoureux. Un jour je rédigerai celle-ci :
Aéroport, Roissy, le xx xx à xx
Vous courriez vers le nord, moi vers le sud.
Regards croisés , tellement de choses dites sans un mot.
Et si nous courrions ensemble pour aller plus vite , plus haut, plus fort.
Mais qui aura assez de souffle pour me répondre ?
20:33 Publié dans DIVAGATION | Lien permanent | Commentaires (26)