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13/10/2013

Nancy CUNARD


 

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Si en art je suis passionné par l’art contemporain, je n’oublie pas mes émois premiers à propos des années d’entre deux guerres :

Dada, le surréalisme, l’art déco, le modernisme, le Bauhaus mais aussi la littérature,  Eluard, Desnos, Radiguet, Cocteau, Bataille, Paul Morand cet exécrable précurseur de la mondialisation, on disait alors le cosmopolitisme.

Les américains, Gertrude Stein, Hemingway, Pound,  mais surtout Miller et Anais Nin.

Parmi ceux qui ont donné vie à cette si riche période, il y a Nancy Cunard, Nancy la scandaleuse, à elle seule elle incarne la quintessence de cette période, transgressive , foisonnante.

Si l’on a en tête la femme garçonne de cette période on ne peut que penser à Nancy Cunard, qui alliait un incroyable flair artistique, la libération de la femme, transgression, lutte contre le racisme.

Elle naquit en 1896 d’une famille qui roulait ou plutôt flottait sur l’or, les Cunard étaient les propriétaires de la compagnie de transatlantiques du même nom, célèbre pour un naufrage celui du Titanic.

On a souvent dit toutefois que son père était l’écrivain Georges Moore, ce qui expliquerait l'attirance sexuelle de sa « fille » pour les grands talents de ce siècle.

Une éducation dans la haute société Edwardienne aurait pu faire de Nancy le chantre de cette aristocratie anglaise, hautaine de ses richesses, de son droit d’ainesse.

Mais Nancy était toute autre, certes le fait qu’elle fut une nantie lui a permis de s’imposer dans une société cosmopolite et culturellement avancée ( possibilité déniée au démuni ou à celui  qui doit travailler pour vivre, hors les artistes)

Elle incarna à Paris où elle s’était installée La Femme des années 20 dans le physique, la mode, ou la libération sexuelle et intellectuelle.

Longiligne, un port et une grâce évidente, elle avait l'habitude de couvrir ses bras de bracelets d'ivoires, une coupe à la garçonne, sa vie sexuelle ne fut pas le moindre de ses talents.

Aidée par sa fulgurante beauté archétype de cette époque, un célibat , surtout une ablation de l’utérus ( dont  on ne sait si cela fut du à la conséquence d’une maladie vénérienne) sa position sociale, Nancy fit tourner bien des têtes et collectionna les amants.

On ne conservera le nom que des plus célèbres mais attention Nancy aimait les gens talentueux : Aldous Huxley lors d’amours fulgurantes et ombrageuses, il faillit y perdre tout ses biens, Tristan Tzara co inventeur de Dada, Norman Douglas,Pablo Neruda.

Aragon qui avant les yeux d’Elsa n’avait d’yeux que pour elle, d’ailleurs le Con d’Irène est largement inspiré de Nancy, la littérature mondiale faillit d’ailleurs le perdre à cause d’elle puisqu’à Venise ( Thomas Mann n’a t il pas écrit mort à Venise ?) il fit une tentative de suicide quand Nancy le trompa pour un pianiste Noir de l’hôtel Luna , originaire d’Atlanta, Georgie, Pablo Neruda, Henry Crowder.

Ce fut d’ailleurs son immense amour, elle l’emmenait partout dans les plus grandes soirées au point que sa mère la scandaleuse et leste Lady Cunard en était folle de rage. ( Nancy le lui rendit en écrivant sur elle un pamphlet et en l'envoyant en guise de voeux de noël aux amis de sa mère en 1932)

Nancy avec Henry découvrit la condition des « nègres » comme on disait à l’époque et lutta pour l’égalité des droits, s'installa à Harlem ce qui fit scandale, publiant même la première anthologie des écrivains « nègres » intitulée NEGRO, cela souleva une telle indignation dans cette période colonialiste qu’il fut interdit.

Nancy ouvrit aussi une petite maison d’édition et publia Noman Douglas, robert Grave Ezra pound, et même en 1930 Samuel Beckett c’est dire son flair. Y venaient la voir,  James Joyce, Dali, Bunuel, Max Ernst, Paul Eluard, Man Ray

Elle fut aussi le fantasme de grands écrivains, on a vu pour le Con d’Iréne, mais aussi  Hemingway où elle l’influença pour le personnage féminin du Soleil se lève aussi.

Bien sur elle milita pour les Républicains durant la guerre d’Espagne et fut même la première à inventer les pétitions d’intellectuels d’un usage désormais si galvaudé.

Nancy Cunard n'était pas femme "à transiger avec son désir". Toute sa vie, elle n'a transigé sur rien. Frêle, c'était une force de la nature. L'alcool, la nouba, les nuits blanches, les excès en tout genre semblaient n'avoir pas de prise sur elle. Elle portait toujours beau et chic. Vieillissante, elle continuait d'impressionner et de séduire, même des jeunes gens en âge d'être ses fils.

Cette femme qui incarna les années 20 mourut en 1965 dans une salle de l’hôpital Cochin, elle avait été ramassée dans la rue famélique , ne pesant que 26 kg, dévorée par l’alcool, les dépressions, assaillie de visions et de regrets, demandant des nouvelles de ses amis T.S. Elliot , Beckett, et Crowder son grand amour qui étaient disparus …

Il ne reste d’elle que les superbes photos de Man Ray, de Cecil Beaton, bien sur le Con d’Irène et sa légende que je ne fais que colporter ici, cette femme étant pour moi un fantasme.


 

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19:10 Publié dans ELLE | Lien permanent | Commentaires (15)

Commentaires

J'ose à peine, de peur de briser la grâce, vous dire que ce sont peut être ces chroniques là que vous devriez, aussi, avec les autres, proposer, diffuser. Waid est tout entier dedans et nous emmène avec lui.

Écrit par : Mars | 13/10/2013

Vous aimez les princesse rebelle...
En tout cas merci se nous la faire connaître et partager..

Écrit par : Sophie | 13/10/2013

Fantasme parce que tu ne pourras jamais l'approcher? Honnêtement, ça frise l'idolâtrie... En lisant tes lignes, je t'imaginais presque déambuler dans les salons qu'elle pouvait fréquenter, pour la regarder, l'admirer secrètement...
Voilà une jolie déclaration...

Écrit par : Fifi-bulle | 14/10/2013

Fantasmer les femmes intouchables, parce que d'une autre époque, parce que trop sollicitée...C'est amusant comme le fantasme se joue de l'irréel, de inatteignable, du rêve, de notre sensibilité, du romantisme aussi.

J'aime aussi comment tu remets la réalité contingente dans la vie de cette femme : la douleur, la maladie, la mort, le sexe et ses arrachements, la cruauté de certaines relations humaines, l'argent et la beauté en phase avec le contexte/temps d'une époque. Et, son choix, à elle, de ne pas rester dans les chemins qui lui étaient destinés. Comme si elle n'avait rien fait à moitié, pour le meilleur et le pire.

Écrit par : Marietro | 15/10/2013

Mars

je vais penser à un livre en extrait de mon blog , chroniques, nuits , etc ...

mais un editeur sera t il interessé ?

sophie

il faut bien que ce blog soit un peu cul turel

fifi

elle avait du temperament quand même et elle était superbe

belle intelligente libérée ... c'est pas mal non ?

marietro

elle a mal finie ... il y a le rêve , le mythe et la fin du mythe mais elle a cotoyé de sacrés personnes quand même

Écrit par : waid | 15/10/2013

Merci de ce partage de culture, grâce à ce blog j'ai appris tant de choses en cette matière pour laquelle mon inculture est incommensurable...

Écrit par : lorencie | 03/11/2013

lorencie

si ce blog peut être utile , souvent l'histoire est passionnante

Écrit par : waid | 06/11/2013

le musée du quai Branly consacre une expo à Nancy Cunard

Écrit par : waid | 16/03/2014

Un bonjour à la volée. Je découvre votre blog, et là, au milieu de la moiteur des sexes, des mots qui font vibrer entre les jambes… Nancy Cunard (j'ai raté l'expo au Quai Branly à une semaine près lors de mon dernier passage à Paris… immense déception), ailleurs je rencontre Topor-ce-génie et bien sûr les autres et le reste. Belle surprise, ça grésille, partout. Je vous suis ? Je vous suis ! Merci pour le mélange, ça m'ébouriffe.

Écrit par : lulu | 27/04/2014

lulu

bonsoir mais comment diable êtes vous tombez sur mon blog arty/cul !?

merci pour votre enthousiasme, en tout cas

votre déception retombera certainement quand je vous dirai que l'expo nancy cunard au quay branly etait finalement bien décevante :(

si vous voulez aller en voir une belle courez non au grand palais ( c'est pas top) mais au musée rodin voir la confrontation rodin / mapplethorpe il parait que c'est formidable il me tarde de la voir et en attendant lisez just kid de patti smith l'histoire de leur amour avec mapplethorpe

Écrit par : waid | 27/04/2014

Comment ? C'est plutôt le cul que l'art qui m'a fait atterrir ici.
Lecture et de fil en aiguille, sauts de puce, et arrivée ici.
Me suis sentie bien chez vous. J'ai lu. Un peu. Encore et plus. Quelques frissons, des éclairs entre les cuisses. Et tombe sur cet article à propos de Nancy Cunard, puis dessins de Topor et Killofer, et là, cul + art (tout ce que j'aime, et goûts partagés) je ne me promène plus, je m'installe ;)

L'expo Mapplethorpe, noté, j'essaierai d'y passer lors d'un prochain passage parisien. Kid, pas lu, je vous dirai !

Écrit par : Lulu | 28/04/2014

lulu

les éclairs entre les cuisses !!!! vous me pretez des effets électriques !!!!!

bonne installation alors

Écrit par : waid | 03/05/2014

Du moins vos mots, la manière que vous avez de raconter ! Pour le reste, je ne peux pas me prononcer… ;)

Écrit par : lulu | 03/05/2014

lulu

c'est les mots qui sont érotiques le cerveau est le premier organe sexuel non ?

Écrit par : waid | 06/05/2014

Bien entendu les mots sont érotiques, ou plutôt peuvent l'être, bien entendu le cerveau fait son travail d'amplification du désir grâce à ces mots.
Mais ici, ce sont les vôtres, de mots. Le même dictionnaire, la même langue, mais ceux-là m'excitent plus que d'autres, ça ne fonctionne pas avec tous. À quoi ça tient ? C'est infime, si léger que je ne pourrais pas le dire.
Je reprends simplement à mon compte ces quelques lignes de Belinda Cannone, "On croit qu'on a tout entendu, tout dit. Pourtant certains mots recèlent d'érotiques échappées d'une puissance incompréhensible pour un lecteur indifférent."

Non ?

Écrit par : lulu | 07/05/2014

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